Gambara

GAMBARACREATION SONORE ET MUSICALE

Fantaisie pour piano préparé, voix et métronome
D’’après l’œuvre éponyme d’Honoré de Balzac
Avec : Stéphane Scott
Bibliothèque de l’Arsenal, Paris, 1999

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Compositeur et facteur d’instruments, le personnage de Balzac, Gambara, crée le panharmonicon dont l’inventeur est Johann Maelzel (1772-1838). Mais l’instrument de Maelzel est totalement mécanique tandis que Gambara en joue librement. Cette fantaisie pour piano préparé, voix et métronome est liée à ce paradoxe. Les rouages, boulons et courroies du panharmonicon m’évoquent une musique-puzzle aux sonorités multiples créées par le contact d’objets (verre, plastique, métal…) sur le cadre et les cordes du piano, dit « piano préparé ». En même temps, s’impose une image plus organique comme si le panharmonicon était une métaphore du corps humain et le cerveau, son mécanisme.

Gambara cherche à traduire la « double expression matérielle et spirituelle de la musique », le lieu où convergeraient la phrase musicale décortiquée et l’oeuvre à engendrer dans la sensation pure. Son désir d’harmonie universelle le renvoie nécessairement à sa propre quête d’harmonie intérieure. J’y vois le processus même de la création. « Sans être ivre, le compositeur était dans cette situation où toutes les forces intellectuelles sont surexcitées, où les parois d’une chambre deviennent lumineuses, où les mansardes n’ont plus de toits, où l’âme voltige dans le monde des esprits. » C’est en laissant une part à l’improvisation sur une structure préétablie que j’appréhende l’utopie de Gambara.

« La musique nous a été donnée à seule fin d’établir un rapport entre le temps et nous », dit Stravinski. Ma composition intègre les battements d’un métronome, clin d’oeil à Maelzel, inventeur officiel du métronome, mais aussi expression du temps que l’on mesure et qui s’écoule inexorablement.

« J’écoutais, dit Gambara, les mille voix de la nature, et je m’efforçais de reproduire ces sublimes harmonies à l’aide d’instruments que je composais ou modifiais dans ce but ».

Stéphane Scott, octobre 1999

© Stéphane Scott, 2014