Zona franca

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Documentaire (100′) / Sortie en salles : 25 janvier 2017
Productions : Ciao Films, Les films du Poisson
Réalisation : Georgi Lazarevski
Extrait de la musique du film

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Zona franca est une vaste étendue de centres commerciaux désuets au cœur de la province chilienne du détroit de Magellan. Ce territoire porte partout les cicatrices des bouleversements qui transformèrent le dernier espace sauvage de l’Amérique originelle en une vitrine de la société marchande…

Un chercheur d’or qui n’a jamais trouvé l’amour, un routier doutant de son combat syndical et un jeune vigile en mal de reconnaissance s’y accrochent encore. Antihéros modernes, ils sont confrontés aux touristes, ambassadeurs d’un monde confiné dans un dépliant de papier glacé…

La terre des obstinés

J’ai vécu mon enfance sur une petite île de Yougoslavie, petit paradis au milieu d’eaux cristallines de l’adriatique. Puis j’ai dû partir. Vers le continent, puis la Belgique, plus tard la France. Changeant plusieurs fois de nationalité, j’ai pris goût aux voyages. La Patagonie était pour moi une sorte de graal, un territoire immaculé d’une beauté magistrale, où les frontières disparaissent.
Instinctivement, je reproduisais le fantasme de milliers de Yougoslaves, partis au 19ème siècle de la petite île adriatique de Brac pour devenir les tout premiers colons de Patagonie. Ils ont travaillé dur pour sortir de la misère, construire ou reconstruire une vie rêvée, s’approcher de leurs idéaux. Ils ont érigé des villes dans un environnement incroyablement hostile. Ces colons façonnèrent le territoire à leur guise, exploitèrent la terre tant qu’ils le pouvaient.

Ont-ils trouvé ce qu’ils cherchaient ? Se sont-ils définitivement affranchis des barrières qui ont fini par avoir raison de leur pays originel ? S’accommodent-ils de ces nouveaux horizons ? Quel regard portent-ils sur leur histoire, et sur le monde actuel ?
À leur côté, je chercherai des réponses à mes propres interrogations. Non sans une certaine malice.

L’exil ou le franchissement des frontières, la communauté ou l’impossibilité de rencontrer l’autre, l’évasion. Je suis intimement mêlé à ces notions. Je m’obstine à les explorer dans mon travail de réalisateur. Dans « Voyage en sol majeur », la complicité avec les personnages m’a permis d’explorer ce qui les habitait intimement. Dans « Le jardin de Jad », mes choix de mise en scène avaient l’ambition de faire le lien entre l’intime et une dimension plus universelle, sociale et politique.

Mon nouveau film approfondira ce travail, associant différentes formes avec l’exigence permanente de créer du sens. Je mêlerai les échelles de grandeur, partant d’un voyage vers les immensités du bout du monde pour rejoindre l’intime. Je tisserai par la caméra des liens entre ce que mes personnages portent au plus profond de leur être, j’explorerai la relation que j’entretiens moi-même avec eux pour au final la relier à la dimension universelle des luttes qui font rage dans nos sociétés et dont nous sommes bien acteurs, à un niveau aussi infime soit-il.

Georgi Lazarevski

© Stéphane Scott, 2014